Qu’est-ce que la misophonie ?
La misophonie est une aversion à des sons spécifiques venant d'autres personnes, notamment des bruits organiques. Nombreux et variés sont les sons ou les bruits qui peuvent provoquer une telle aversion. Les personnes souffrant de misophonie sont dérangées par des sons émis par leur entourage, des bruits de bouche lors de leur mastication, des raclements de gorge des reniflements, certains sifflements. Mais elles sont gênées aussi par des sons répétitifs d'objets produits par d’autres personnes (tapotements des doigts sur un clavier, ou le clic répété d'un stilo. . .). Parfois la misophonie s'accompagne de misokinésie, c'est-à-dire d'intolérance aux mouvements corporels des autres, sans que ces mouvements soient obligatoirement accompagnés par des bruits. D'autre fois, la misophonie s'accompagne d'hyperacousie, ou d'une sensibilité générale accrue aux stimuli sonores.
Pourquoi suis-je misophone ?
Certains sons et bruits engendrent une réactivité accrue du système nerveux. Cette aversion aux bruits se traduit par des émotions négatives, comme la colère, la frustration, le dégoût. Dans cette dynamique, c'est le système nerveux autonome qui réagit en premier. Ce sont des réaction autonomes, réflexes et involontaires. L'incompréhension d'une telle dynamique peut entraïner le sujet dans une rumination mentale insistante. Parfois cela culmine dans une prise de position méprisante envers les autres. Le misophone se sent souvent subir ces intrusions sonores. Il est facile d'en rester victime.
La misophonie est beaucoup plus répandue que ce que l'on croit, mais elle est apparue comme "trouble" seulement dans les années 2000. Elle débute habituellement dès le jeune âge par une réaction à un bruit spécifique. Ensuite, l'aversion peut rester centrée sur le bruit initial ou se généraliser à d'autres situations. Les personnes qui en souffrent sont souvent des individus sensibles et vigilants en ce qui concerne leur environnement proche. La misophonie s'associe à une tendance obsessionnelle, à des traits anxieux et à une vulnérabilité au stress. Les hauts potentiels, vu leur sensibilité et présence, peuvent développer une misophonie.
Comment savoir si je suis misophone ?
Dans l'évaluation de la misophonie, nous avons une approche polyvagale. Une échelle d'auto-évalaution très répandue, la (A-MISO-S) est disponible sur ce site à la page "Questionnaire". Elle nous donne des informations sur le degré de la perturbation misophonique, mais elle ne permet pas une vision approfondie du vécu et du ressenti. Notre évaluation, en revanche, se centre sur la réactivité autonomique (questionnaire d'autoévaluation dérivé du Polyvagal Institut). Nous évaluons ensuite le profil sonore du sujet par une série de tests psycho-acoustiques par le procédé Hipérion. L'évaluation Hipérion nous informe sur la gestion possible de l'environnement sonore et sur le positionnement relationnel du sujet. La narration du ressenti du sujet, celle de son histoire personnelle complète le bilan.
Comment traiter la misophonie ?
Le traitement proposé se base sur une approche intégrative. Comprendre en premier lieu l’importance des influences réciproques entre le corps et le cerveau est capital. La parole est indispensable pour contextualiser et mieux comprendre un mal-être, un positionnement vis-à-vis d’un environnement relationnel et sonore. Des exercices corporels sont nécessaires afin de permettre à notre organisme de mieux intégrer les sources de perturbations environnantes et d’améliorer les capacités d'auto-apaisement. En harmonisant les composantes psychiques, corporelles et sensorielles, s’amélioreront les capacités d’autorégulation, et les potentialités de co-régulation avec un environnement relationnel très perturbant auparavant.
La thérapie Hipérion
La thérapie Hipérion est une stimulation vagale acoustique. Elle favorise en premier lieu la réduction de la réactivité émotionnelle. Intervenir sur les réactions émotionnelles, c'est intervenir sur des réactions automatiques, involontaires. C'est grâce à un effet calmant sur la réactivité du système nerveux (voir théorie polyvagale) que le sujet s'intègrera plus facilement à son environnement proche, qu'il soit sonore ou non. Une fois les réactions involontaires neutralisées, le sujet prendra alors du recul et comprendra sa façon de réagir pour adopter ensuite une attitude plus détachée vis-à-vis de ses propres misophonies.
Des exercices corporels et de respiration
Des excercices corporels et de respiration sont proposés également afin de prendre mieux conscience de son propre corps. Le corps de la personne souffrant de misophonie est le plus souvent dans une attitude défensive. Elle est hypervigilante. On observe systématiquement un corps crispé, "à fleur de peau", une respiration superficielle. . . Ce sont des attitudes réflexes limitant sa propre capacité à intégrer convenablement les stimuli intrusifs.
Des séances en approche verbale
La misophonie résulte d'un fonctionnement global assez particulier du sujet. C'est pourquoi des séances en approche verbale sont souvent nécessaires pour mieux comprendre et contextualiser sa posture relationnelle. Les projections et les représentations du sujet vers ce qui entre en interaction avec lui-même sont extrêmement importantes. C'est pourquoi, les aspects sensoriels, émotionnels et relationnels sont traités simultanément pour permettre un changement global et durable. Les effets, rapidement au rendez-vous, sont systématiques mais variables selon le sujet.
La recherche en misophonie
Des études récentes rapportent une hyperactivation du réseau de saillance. Il s'agit d'un ensemble de structures cérébrales qui détermine, parmi les stimuli internes et externes, ceux qui sont signifiants, dignes d’attention ou non. Le système de saillance permet la focalisation de l'attention et le filtrage des stimuli à traiter en priorité. En termes de misophonie, le filtrage ou l'exclusion des stimuli vécus comme intrusifs demeure difficile. Les stimuli interpellent le sujet et entraînent toute une série de réactions négatives. Le réseau de saillance est en communication permanente avec les informations en provenance du système nerveux autonome. Nous allons nous concentrer sur ce dernier.