Qu'est-ce que la misophonie ?

Qu'est-ce que la misophonie ? Je ne m’attarderai pas à vous refaire une définition de misophonie, autrement appelée syndrome de sensibilité sélective aux sons (SSSS). Vous en trouverez facilement ailleurs. Méconnue bien souvent des praticiens de la santé, la misophonie est hélas souvent qualifiée de trouble auditif. Cela peut condamner les personnes touchées par la misophonie à une errance thérapeutique non concluante. Les consultations peuvent se multiplier chez les oto-rhino-laryngologistes. Les résultats ne correspondent pas toujours à leurs réels besoins et à leurs attentes. Par ailleurs, ils peuvent même se voir proposé un internement en psychiatrie. De nombreux misophones doivent gérer encore l’incompréhension de leur entourage qui ne comprend pas leurs difficultés. Ils sont souvent considérés comme bizarres, fous . . .

Quelles sont les causes de la misophonie ?

Parmi les causes possibles, quelle que soit l’implication des régions cérébrales, il est extrêmement important d’aborder le problème sous son aspect psychothérapeutique. Dans le but de traiter la misophonie , il est nécessaire d’avoir une vision globale des dimensions mentales, corporelles et sensorielles. La psychothérapie n'est pas que verbale. En misophonie, on est au cœur de ce qu’on pourrait appeler la « posture » relationnelle du sujet. La problématique relève autant du ressenti du sujet face à son environnement concret et relationnel, que de ces derniers. Mais, il n'y a pas que l’aspect sonore de certains bruits spécifiques à avoir le pouvoir de perturber le calme du sujet. Le misophone peut réagir de façon exacerbée à d'autres éléments perturbateurs. Par exemple, la simple vue d’un geste répété (misokinésie) peuvent suffire pour induire une réaction émotionnelle, comme la colère, la frustration, etc.

Qu'est-ce que la misophonie face aux autres ?

Que la personne misophone ait subi des traumatismes ponctuels ou pas, elle est le plus souvent précise, méticuleuse. Elle est très présente dans son environnement physique proche, intransigeante, exigeante, dans le contrôle, et avec une « intelligence » très vive. Une grande majorité présente un aspet, permettez-moi l’expression, « totalitariste », dans le sens où : « le monde serait mieux si tout le monde fonctionnait comme moi » ou « que n’a-t-il pas compris que c’est irrespectueux de faire ceci, cela ». Le sujet misophone pourrait finir par « penser à la place de l’autre », et se projetter dans une véritable « prise de tête ». Ainsi, les sentiments d’injustice et d’incompréhension génèrent souvent une grande frustration aussi.

Quel traitement quand on est misophone ?

Tous ces éléments psychoaffectifs (sentiment d'injustice, d'incompréhension. . .) sont imbriqués dans la dimension relationnelle du sujet. Autrement dit, ils interfèrent négativement avec la relation que celui-ci mène avec certains sons qui viennent des autres. De toute évidence, la compréhension de ces éléments psychiques et relationnels de la part du thérapeute est fondamentale pour permettre une bonne qualité du parcours thérapeutique. Sa durée dépendra en bonne partie des résistances du système de croyances et de valeurs du sujet. Les améliorations sont au rendez-vous dès les premières séances et un parcours peut prendre quelques ou plusieurs mois.

Est-ce que ça vient seulement de moi ?

Non, rassurez-vous ! Il y a surtout un autre aspect fondamental qui ne dépend pas de vous. Il s'agit de l'impossibilité ou de la grande difficulté pour celui-ci de contrôler ses réactions face aux stimuli intrusifs venant d'autrui. En effet, son système de réponse est géré fondamentalement par le système nerveux autonome. Ce système a appris à réagir de façon automatique, en dehors de tout contrôle volontaire. Il peut fonctionner comme un système de survie. Plus précisément, ce sont des réponses défensives involontaires (voir théorie polyvagale). A savoir que chez l'humain ces réponses peuvent être une réponse de stress, d’alerte, l’alarme et d'hypervigilance. C’est pourquoi, il est fondamental en thérapie de calmer d’abord le système nerveux, pour revenir ensuite aux élaborations intéllectuelles. Ayant calmées alors les réponses défensives, le sujet ressentira un mieux et sera plus à même de mieux comprendre son mode de fonctionnement. 

Nico Milantoni

Psychologue